Jusqu’à lors j’ai surtout donné des références culturelles, théoriques ou littéraires de gauche. Il ne faut pas m’en vouloir, je suis un marxiste. C’est normal que j’ai envie de parler d’auteurs qui ont théorisé une pensée dont je me sens proche. Mais comme je l’expliquais la fois dernière, il ne faut pas se complaire et s’entremettre uniquement avec des idées ou des formes d’expressions qui nous sont idéologiquement proches. C’est le tort qu’on beaucoup de gens qui traînent un peu trop sur les réseaux sociaux et adoptent des postures morales un tantinet exagérées. Donc pour une fois je vais vous parler d’œuvres et d’écrivains de droite qui ont marqué mon esprit d’une manière ou d’une autre. N’en déplaise à un certain Basile qui m’accusait de ne lire que des marxistes juifs (comme si c’était une insulte), j’aime bien la prose de quelques écrivains, sulfureux pour certains, de droite conservatrice pour d’autre.
Georges Bernanos, La France contre les robots (1947)
Georges Bernanos défouraille la société dite industrielle à grands coups de rhétorique et de fulgurances intellectuelles. Ça devrait plaire à tous ceux qui aiment les latins et détestent les anglo-saxons puisqu’il leur en met plein la gueule. Petite citation : « On peut être ambitieux de la gloire, de la puissance, on ne saurait être ambitieux de l’argent. »
Lucien Rebatet, Les deux étendards (1952)
Un roman, assez long, qui narre l’histoire d’un jeune homme et d’une jeune femme qui s’aiment sans le dire et s’engagent chacun de leur côtés dans la vie monacale et régulière, ou plutôt l’une à la suite de l’autre, objet du tragique. Dans le Lyon des années 20, Rebatet distille et imprime également une image prenante de la bourgeoisie des soyeux en oppositions aux canuts, les ouvriers textiles.
Jean Giono, Le Hussard sur le toit (1951)
La Provence chère à Giono, une année 1832 marquée par une épidémie de choléra, un fougueux aristocrate piémontais carbonaro en cavale après avoir tué un salaud d’officier autrichien au cours d’un duel. Des aventures sur les toits de Manosque et sous le soleil du Midi. Pour les flemmards, il existe un film. Mais soyez pas cons ; lisez plutôt le livre.
Maurice Blanchot, Le livre à venir (1959)
Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit (1932)
On ne le présente plus, c’est même un poncif en la matière. Allez le lire si c’est pas déjà fait, il est tout à fait impossible de s’intéresser à la littérature du XXe siècle sans prendre un jour le temps de se pencher dessus. La prose est incroyablement moderne, il n’usurpe pas son titre de plus grand écrivain du XXe siècle, même si ça se discute (il y a une grosse baston avec les proustiens à ce propos).
Robert Brasillach, La conquérante (1943)
Incroyable roman de Brasillach. Une jeune femme de 18 ans rejoint son père au Maroc. Celui-ci meurt, elle part à l’assaut de ce pays inconnu, sensuel et rugueux à la fois. Roman colonial donc, comme on produit beaucoup en cette première moitié de XXe siècle, roman d’aventure, roman de contemplation, roman de passions. Foncez à l’assaut des dunes de Merzouga, abreuvez-vous dans les oasis du Tafilalet…
Giuseppe Tomasi di Lampedusa, Le guépard (1958)
Allez lire !
C’est déjà pas mal pour cette fois, vous avez de la lecture pour tout l’été, au lieu d’écouter la dernière purge d’Aya Nakamura au bord d’une piscine, prenez un bouquin et n’ayez pas peur d’un mouiller les pages. La prochaine fois je vous parlerai de Fiodor Dostoïevski, Pierre Drieu la Rochelle, Léon Bloy et d’autres encore. Si avec tout ça j’ai pas la gauche moraliste qui vient me dire que je suis un rouge-brun, c’est à ni rien comprendre. Détendez-vous les gars, ça s’appelle juste la culture.