Je précise d’avance que ce n’est pas une critique littéraire (je n’ai pas les compétences pour cela) mais plus un article de discussion de comptoir pour blablater sur ce bouquin. C’est donc sans grande prétention, mais j’espère vous donner envie de le lire.

Dans la pièce de théâtre Les précieuses ridicules, Molière se moque du mouvement de la Préciosité. Les partisanes du mouvement de la Préciosité s’appellent les Précieuses. On leur doit quelques simplifications de l’orthographe. La Préciosité est un mouvement de femmes nobles du XVIIe siècle qui veulent embellir la langue française, font des réunions non-mixtes de femmes de haute noblesse pour parler de littérature et de poèmes à l’eau de rose.

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Ça c’est les bases de ce mouvement intellectuel. Dans certaines éditions du bouquin, il y a un dossier qui parle de ça et par chance c’est le cas dans celle que j’ai. Vu que c’est dans les programmes scolaires vous trouvez facilement des sources qui résument tout ça, que ce soit Wikipédia ou d’autres sites.

À cette époque, les hommes nobles recevaient une éducation classique basée sur de la grande littérature antique, tandis que les femmes étaient moins éduquées. Pourtant ces femmes revendiquaient la légitimité à juger les œuvres littéraires, même sans avoir de connaissances poussées sur l’histoire de la littérature. Oui, ce sont des faquin.e.s !

Et pour compenser leur manque de capital culturel en culture classique, ces nobles dames vont parler un langage très ampoulé et se concentrer sur la littérature en langue française de leur époque. Elles vont aussi considérer que les femmes ont un rapport particulier à l’art. Finalement, les conneries de la troisième vague féministe à base de « female gaze » ou de « génie lesbien » ne sont pas si nouvelles que ça. Vers la fin de la pièce, une des deux précieuses fait un poème montré comme très maladroit, simpliste et « scolaire » (pour utiliser un terme moderne) mais sa copine et un homme qui lui fait la cour la complimentent comme si elle avait réinventé la littérature.

Malgré qu’elles simplifient l’orthographe, leur langage des Précieuses est ampoulé, très codifié et bourré de néologismes va être parfois difficile à comprendre pour les personnes hors de leur cercle. Et Molière se fout bien de leur gueule pour ça en les caricaturant. Tout comme les Précieuses, les féministes mondaines d’aujourd’hui comblent leur manque de culture par un langage difficile à manier et bourré de néologismes et de concepts ridiculement complexes et mal définis. En se moquant du langage élitiste et ridicule des Précieuses, ce bon Molière fait un peu comme nous les méchants trolls masculinistes et les vilaines « pick-me » qui caricaturons l’écriture inclusive ou la « féminine universelle » de Marguerite Stern. Bon, il le fait avec plus de talent et de subtilité que nous car l’art de la comédie est son travail, mais l’idée derrière est la même.

Puisque ces femmes Précieuses vont créer une sorte de « contre-culture » noble, cela va aussi s’accompagner d’un nouvel art de vivre. Leur principal sujet de discussion concerne l’amour, donc les rapports intimes entre hommes et femmes. Dans leur idéal, elles veulent des relations hommes-femmes très codifiées ne laissant pas place à l’instinct, qu’elles considèrent comme vulgaire. Et elles considèrent que les codes et la morale de leur petit milieu très fermé sont une évidence, et que ceux qui ne les suivent pas – simplement parce qu’ils n’en ont jamais entendu parler ou ne comprennent rien à leurs discours compliqués – sont des rustres arriérés.
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Et dans la pièce, les deux Précieuses décident aussi de combler leur manque de domination symbolique en prenant des pseudonymes grecs. Sauf qu’elles veulent que ces pseudonymes leur servent de prénom dans la vie de tous les jours.
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Ça rappelle un peu ces non-binaires qui choisissent des pseudonymes à la con comme prénom pour montrer qu’ils ont une personnalité spéciale et cassent les couilles de tout le monde avec.

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Et oui cette personne veut que son pronom soit « il » MAIS ne veut pas être considérée comme un homme car c’est une personne non-binaire. Enfin bon, je vous fais pas le tableau sur les codes compliqués de cette communauté que personne ne maitrise. Vous connaissez.
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Non seulement les Précieuses méprisent les hommes qui ne souscrivent pas à leurs idées, mais elles méprisent encore davantage les autres femmes – souvent plus pauvres et moins éduquées qu’elles – qui ne font pas partie de leur club mondain et ne comprennent pas ce qu’elles racontent.
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Le mouvement des Précieuses est souvent considéré comme un précurseur du féminisme puisqu’il considère que les femmes (nobles) ne doivent pas être cantonnées à un rôle subalterne mais peuvent participer activement à la vie intellectuelle. Et ce même si ces femmes nobles de ne maitrisent pas la culture classique de leur temps et ne font presque que de parler d’amour.

Les Précieuses ont une vision des relations hommes-femmes assez curieux et gynocentrée, voulant codifier l’amour de manière assez bizarre. Les Précieuses voulaient « spiritualiser » l’amour et trouvaient les instincts sexuels vulgaires, les féministes mondaines veulent « bannir la drague ».

Dans son livre Le deuxième sexe, Simone de Beauvoir considérait carrément que « la première pénétration est toujours un viol ». Bien sûr ses élèves lycéennes qu’elle abusait sexuellement ou qu’elle envoyait se faire violer par Jean-Paul Sartre, ça ne compte pas.
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Des deux côtés on a bien sûr un mouvement qui fétichise complètement les femmes et la féminité. Bien évidemment. Même s’il y a des différences entre la Préciosité et le féminisme mondain il y a aussi des continuités qu’on retrouve comme l’élitisme des femmes des classes supérieures, la fétichisation des femmes, le comportement ultra-moralisateur réprimant la sexualité masculine et toute la mondanité qui va avec.

Et puis finalement, derrière tout le blabla vantant le féminin et fustigeant le masculin, on apprend que mesdames sont tout de même très attirées sexuellement par les hommes virils.
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Bref, lisez « Les précieuses ridicules » et vous allez voir ça va vous rappeler énormément de twittos féministes de Paris-centre et quelques articles de du Nouvel Obscurantiste et de Libération. C’est très court, vous allez rire, et ça coûte que deux ou trois euros. En tout cas lisez-le avant qu’il soit retiré des bibliothèques pour antiféminisme et misogynie.

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