De mon point de vue, voici comment je résumerais le clivage droite-gauche en France aujourd’hui : la gauche et la droite en politique sont relatives à l’état du pays dans lequel elles sont implantées, ou l’état du monde, à la limite, selon l’échelle à laquelle on parle du clivage (et je vais le placer à l’échelle mondiale).
- Est de gauche une idéologie qui s’évertue à changer le monde pour l’amener à un état que l’on pensera meilleur (en particulier à travers le progrès, la justice sociale (lié aux luttes sociales et sociétales), et à travers la critique de l’ordre social et du système ; ce qui fait que les SJW sont de gauche malgré leur bêtise).
- Est de droite une idéologie qui tente de maintenir le monde dans l’état actuel des choses ou de le faire revenir à un état antérieur. Selon cette définition, les idéologies sont donc de gauche lorsqu’elles n’ont pas encore été appliquées (donc le marxisme est de gauche) et glissent à droite à mesure qu’elles obtiennent les améliorations qu’elles souhaitent voir dans le monde (le communisme-léniniste compris).
D’où le clivage progressisme-conservatisme (et réac). Ainsi on a une manière objective de voir la gauche et la droite. (accessoirement c’est pour ça que l’on dit “la gauche pense les idées, la droite les met en pratique”). C’est pour cette raison que ce clivage est en réalité là depuis le début de la civilisation humaine et sera là jusqu’à la fin de l’humanité (par contre la révolution dont les gens parlent peut réaxer le clivage politique pour lequel voter).
Notons que comme vous devez le savoir, aux USA, les démocrates ne sont du coup pas de gauche d’un point de vue français ou mondial contrairement à ce que pensent beaucoup de monde mais sont de droite molle/gauche légère pour les étasuniens. Et du coup effectivement d’un point de vue français actuel Méluche est de gauche molle et Le Pen d’Extrême Droite mais du point de vue du clivage mondial idéologique Méluche est de droite molle (voir paragraphe suivant). Et sinon pour Le Pen elle est d’Extrême Droite molle (à titre personnel basé sur ma connaissance du clivage je trouve Macron plus à droite).
De plus il ne faut pas confondre Extrême Droite (Le Pen, Macron) et Droite Extrême (fascisme, nazisme); et oui, on pourrait penser que c’est la même chose mais la deuxième est plus à droite que l’autre (et a des dérives totalitariste ou dictatorial), et ce, même si souvent elle part de régimes “dit” de gauche. Mais pour mieux classer la DE il faudrait un clivage plus complexe (qui est possible mais qui prend en compte le clivage droite-gauche)).
Donc pourquoi est-ce que j’ai dit que Méluche est de droite ? Pour ça il suffit simplement de comprendre ses positions et de les comparer avec ce qu’on a pu avoir en France par le passé.
Pour résumer très grossièrement son programme, on a le désir de rendre la France plus démocratique (techniquement de gauche mais son “amour” de la république est techniquement plus de droite) et surtout d’appliquer une politique d’investissement public massif pour relancer l’économie tout en réinstaurant un état providence semblable à ce que l’on a eu dans le passé. Cela est, et si je ne m’abuse il le dit lui-même, grosso modo les 30 glorieuses. Quelque chose qu’on a donc eu en France dans un passé relativement proche.
C’est, globalement, de la social-démocratie. Or, si on a eu un état social-démocrate bien avancé en France dans le passé, en réinstaurer un sans grandement améliorer le programme, c’est tout simplement de droite. Alors ok, c’est pas exactement le même programme ; on peut par exemple voir que ça parle plus d’écologie que dans l’après-guerre et qu’il y a davantage de propositions sociétales (chose effectivement de gauche).
Mais dans le même temps Mélenchon veut réhabiliter des choses qui sont plutôt de l’apanage des conservateurs/libéraux, comme le service militaire obligatoire. Il instaure également une sorte de culte du chef (c’est d’ailleurs quelqu’un d’extrêmement égocentrique qui aime s’écouter parler, qui ne souhaite partager avec personne (il refuse de s’allier avec d’autres partis ou finit par abandonner ses alliés, lorsqu’il en a accepté, parce qu’il refuse le partage l’image médiatique et le pouvoir). Il se réclame de De Gaulle… Bref, les quelques aménagements de la socdem qu’il apporte sont largement contrebalancés par plusieurs dérives conservatrices voire réactionnaires du personnage. Il est donc d’une droite molle (voilà pourquoi je disais centre droit mais j’y reviens plus tard).
Alors par contre c’est ma droite préférée (qu’on soit bien d’accord je suis une gauchiste du coup je préfère quand c’est proche de la gauche) ; mais ça reste de la droite (Cela ne veut pas dire qu’il n’a pas d’électeur de gauche, soyons d’accord (par exemple ma tante et mon oncle sont FI mais sont de gauche ; tout comme mon père est PS mais est plus proche de l’idéologie originelle du socialisme que de l’idéologie actuelle (même si il partage des accords avec elle)); par contre je n’expliquerais pas ici pourquoi cela se fait (libre à vous est de chercher pourquoi)).
Pour Macron (parce que j’ai dis plus haut qu’il était d’Extrême Droite donc je me dois de préciser) c’est encore plus simple puisque plutôt que de comparer son programme on peut carrément comparer sa politique active au passé de la France. Et remonter… Ouah, très loin. Je rappelle que ça ne fait que 3 ans qu’il est au pouvoir et il nous a déjà renvoyé·e·s en 1950 sur certains points, et il tente de nous renvoyer au XIXème siècle très régulièrement. Rien d’étonnant, vu que le libéralisme économique était à son âge d’or à cette époque, avant les nombreuses luttes sociales qui ont éclatées (luttes sociales que Macron veut supprimer en modifiant par exemple les retraites (ce qui faciliterait leur suppression in fine)). Et les quelques différences entre sa politique et la politique de l’époque s’expliquent uniquement par :
- La résilience des travailleu·r·se·s ;
- Les protections de la constitution ;
- L’évolution du monde qui nécessite de réadapter le libéralisme économique.
Mais sur le fond, économiquement, c’est la même chose. Son programme aurait pu laisser penser qu’il serait plus progressiste concernant certaines libertés individuelles et protections des minorités. *Huhum* Encore raté, là-dessus aussi, il est soit conservateur, soit réactionnaire, c’était full mytho (d’ailleurs, avant l’élection, il avait dit à la TV qu’il n’était pas libertaire (la liberté sociale) ce qui aurait dû nous donner un indice – Accessoirement le libertarisme était pendant longtemps quelque chose de gauche).
Pareil, l’utilisation de la police en milice autoritaire à la solde de la bourgeoisie, je vous le donne en mille, c’est réactionnaire. D’autant plus quand la police intervient dans des manifs féministes, écolos, sociales,… ou quand elle harcèle encore plus les quartiers populaires.
En fait je ne considère pas la politique de Macron comme fasciste pour des raisons techniques mais je crains qu’il nous pousse dans une dictature, surtout en ce moment.. (les politologues du futur me donneront peut être malheureusement raison sur le point dictatorial ou peut être me donneront t’ils heureusement tord ; inversement pour le fascisme ; mais ce qui est sur c’est qu’ils ne seront peut-être pas aussi cléments que moi). Mais il est au moins d’Extrême Droite.
Donc maintenant qu’on a passé cela en revue, pourquoi le centrisme n’existe pas ?
Après tout, si l’on est conservateur économiquement et progressiste socialement, alors on est à gauche et à droite, donc au centre, non ? Et bien non. Le clivage gauche-droite est un clivage d’opposition. Il sert évidemment à simplifier le spectre politique le plus possible, pas à décrire au mieux le réel (je n’enterai pas dans le débat de la réalité ^^”).
C’est pour ça qu’il y a plusieurs autres outils à notre disposition dont c’est le but premier. A commencer par le contenu même des idéologies positionnées à gauche ou à droite de l’échiquier politique. Mais même là, certaines idéologies ou personnes s’en revendiquant peuvent être dans une position ambiguë. On peut être misogyne, raciste, LGBTphobe,… et pour la lutte des classes par exemple ; ou encore être ultra pro LGBT, féministe,… et pour l’ultralibéralisme économique. Seulement dans la pratique on voit bien que créer un “centre” artificiel pour regrouper les idéologies n’apporte rien à notre compréhension du monde. Il faudrait par exemple y mettre les rouge-bruns et les libéraux pro-LGBT (???).
Tu en tires quelque chose toi ???
Personnellement je n’en tire rien (et je ne suis pas la seule à ne rien en tirer), cette catégorisation ne fait que rendre un spectre de simplification plus flou qu’auparavant. Les rouge-bruns par exemple cumulent des rhétoriques d’extrême-droite et d’extrême-gauche et devraient être positionnés au centre. Tout comme les droitards vaguement progressistes. De plus, cette façon de voir les choses ne fonctionne que si l’on met chaque idée sur un plan d’égalité et qu’on se contente de compter les points de gauche et les points de droite. Alors que clairement, chaque personne a ses priorités.
Les rouges-bruns, pour la plupart, ont par exemple décidés (que ce soit par proximité idéologique ou par dépit de probabilité d’alliance) de s’allier politiquement avec l’Extrême Droite. Ils trouvent plus importants de protéger leur nationalisme/souveraineté et leurs privilèges que de s’allier avec les autres progressistes économiques. Ils ne sont pas du centre, ils sont une autre forme d’extrême-droite (tout comme Macron est une autre forme d’extrême droite que LePen), car c’est là que sont leurs accointances idéologiques les plus importantes (attention cela ne veut pas dire que parce que tu partages des idées d’Extrême Droite, tu es une forme d’Extrême Droite, ne faisons pas d’amalgame).
Pareil pour les libéraux qui n’acceptent de s’allier qu’avec des conservateurs, en fin de compte. Pour résumer, le centre ne sert qu’à obscurcir le spectre politique et n’est jamais appliqué de manière cohérente. C’est toujours un outil pour cacher la droite (c’est d’ailleurs pour cela que l’on dit en politique “le centre cache la droite et si tu te dis d’EC tu es pour une dictature de la pensée”). Donc le centre n’existe pas.
Dans le même temps, cette définition explique pourquoi seul l’anarchisme est un mouvement par définition éternellement à gauche. L’anarchisme a en effet intégré dans ses codes (et son étymologie même) la nécessité de se débarrasser de toutes les hiérarchies injustes. Et avec l’arrivée de l’individualisme, on a très largement théorisé sur le sujet. Ce qui signifie que tant qu’il y aura des dominations à abattre, l’anarchisme devra se donner pour mission de les documenter et de combattre pour les faire tomber (d’ailleurs techniquement l’anarchisme se doit de toujours lutter pour et jamais contre, sinon il finit par pousser à l’anomie ; c’est d’ailleurs pour cela que beaucoup de personnes qui se disent anarchistes ne le sont pas vraiment).
On peut assez facilement arguer que la société parfaite n’existera jamais et qu’il restera toujours des injustices, mais l’anarchisme sera toujours dans le mouvement, dans le progrès sage et intelligent, dans l’action d’éradiquer ces injustices. Et si elle venait d’aventure à ne plus s’interroger sur elle-même, l’idéologie se trahirait et cesserait d’être anarchiste. L’anarchisme est donc éternellement de gauche (même si l’anarchisme est plus complexe mais globalement, même si il a réellement un sens, le clivage droite-gauche n’est pas suffisant pour classer l’anarchisme).
Addendum : Je ne parle pas ici de toutes les nuances qui font fonctionner ce système. Et sinon je parle plusieurs fois d’un clivage plus large que gauche-droite, que je ne le développerai pas ici, je vais vous donnez le schéma de base du système à triple axes : gauche-droite ; libertaire-autoritaire ; universaliste-multiculturaliste