Le national-bolchevisme en Allemagne.
La mouvance national-bolchevique naît d’abord dans le contexte l’Allemagne d’après guerre. C’est un courant politique large et pas précisément défini qui a pu se développer de façon plus ou moins indépendante dans divers clans politiques de gauche mais aussi de droite. Résumé simplement, le national-bolchevisme (terme que l’on doit au journaliste allemand Ernst Niekisch) est un courant politique national-communiste qui mêle “gauche du travail” et “droite des valeurs”.
« Nous devons prendre de la droite le nationalisme sans le capitalisme et de la gauche le socialisme sans l’internationalisme »
– Gregor Strasser
Dans l’Allemagne d’après guerre, le national-bolchévisme se développe en même temps dans le contexte géopolitique d’une possible alliance avec l’Union Soviétique mais également dans certaines convergences idéologiques et stratégiques entre communistes et nationalistes. Pour citer un exemple simple qui réfère au conflit cité au dessus et qui parlera aux lecteurs les plus connaisseurs, l’opposition à l’occupation de la Ruhr par la France et la Belgique en 1923. Ainsi, une tendance NB (nazbol) se développera au KPD au début des années 20 tandis qu’un courant qui se veut “anticapitaliste” se développera également au NSDAP avec les partisans des frères Strasser qui ajoutaient au discours nazi un certain anticapitalisme, une critique de l’industrialisation, la notion de lutte des classes, une éventuelle alliance avec l’URSS et même l’action commune avec les socialistes et les communistes dans certains cas.
Otto Strasser quittera le NSDAP en 1930 pour des raisons idéologiques et fondera son propre mouvement : le Front Noir. Gregor Strasser sera assassiné durant les purges de la nuit des Longs Couteaux. Cette “convergence” se manifestera aussi au début des années 30 par une volonté du NSDAP et du KPD de se picorer leurs électeurs respectifs. Le KPD tentera notamment par des discours d’ouverture de récupérer l’électorat prolétaire du NSDAP tandis que les nazis fonderont un syndicat ouvrier, le NSBO, dans une optique similaire. Ce syndicat réunira au total plus de 300 000 membres, avant de devenir le seul syndicat suite à l’interdiction des syndicats non-nazis en Allemagne. On pourra même observer des actions communes entre les deux partis contre le régime de Weimar (et ceux malgré les combats de rue qui sévissent entre nazis et communistes).
Dans ce tumulte politique, de véritables synthèses idéologiques se formeront notamment sous la plume du journaliste Ernst Niekisch qui voit dans le bolchevisme Russe un mouvement de “Renaissance nationale” qui s’oppose à “l’esprit occidental” qu’il exècre. Karl Otto Paetel également, prenant part à des mouvements de jeunesses cherchera donc une “troisième voie” entre le KPD et le NSDAP. Ainsi, il écrira le “manifeste national-bolchevique”. Ces dernier s’engagèrent comme beaucoup de national-bolcheviks dans la résistance contre Hitler après son accession au pouvoir.
Fin de l’histoire du National-Bolchévisme en Allemagne nazi
Après la seconde guerre mondiale, le national-bolchevisme tombera quelques peu en désuétude mais connaîtra une certaine renaissance par la suite en Europe, par la redécouverte d’auteurs comme Niekisch. L’opposition à l’impérialisme américain, au libéralisme, au capitalisme et le soutien aux différentes luttes anti-impérialistes et anti-néocolonialistes caractériseront ce nouveau national-bolchévisme. En 1992 en Russie l’écrivain Edouard Limonov et Alexandre Douguine fondent un Parti National-Bolchévique en Russie. Ce mouvement peu structuré et anti-système regroupera des militants d’horizons diverses (nationalistes russes, stalinistes, chrétiens orthodoxes, etc). Cette mouvance national-bolchevique russe se revendique du nationalisme russe, du national-communisme et de l’eurasisme (idéologie prônant la formation d’un bloc géopolitique eurasien), ainsi que d’une forte inspiration Léniniste. Ces “nazbols” russes revendiquent une réelle nostalgie de l’Union Soviétique et un attachement particulier à Joseph Staline pour une forme de nationalisme russe qu’il a pu promouvoir à certains moments comme son appel à la “Russie éternel” durant la seconde guerre mondiale, que les soviétiques appelaient “grande guerre patriotique”. Le mouvement éclatera en 1998 entre partisans de Douguine, qui fondera le parti eurasiste, et de Limonov, qui poursuivra le PNB jusqu’à sa dissolution par le gouvernement Russe en 2007. Limonov après la dissolution du PNB, créera le parti L’Autre Russie.
En France des expériences telles que le cercle Proudhon, un groupe de réflexion rassemblant nationalistes maurrassiens et syndicalistes révolutionnaires, peuvent s’apparenter au national-bolchévisme dans leur volonté syncrétique. En Europe occidentale, les principaux courants national-bolcheviks modernes sont inspirés d’écrivains tel que Jean Thiriat ou Alain Soral (pas l’actuel Soral mais plutôt l’ancien, quand il avait des cheveux) se revendiquent de l’héritage du Front Noir d’Otto Strasser. Cependant il n’existe aucun mouvement national-bolchevik de la même ampleur que ceux de Russie.
Liens, documents et lectures
- Ecrits de Louis Dupeux sur le national-bolchevisme
- Karl Otto Paetel, Manifeste National-Bolchevique (1933)
- Citation de George Marchais, à la tendance National-Communiste, sur l’impérialisme
- Lien vers des documents sur le strasseristes
Edito : Moi, Beauf, je prends la parole à travers cet article, pour parler à mes chers camarades socialistes & communistes. Je me revendique de l’héritage du national-bolchevisme, mais pas du racialisme dont certains peuvent faire preuve. Camarades, que vous soyez anarchistes, communistes, socialistes, de courant idéologique marxiste-léniniste, castroïste, staliniste, strasseriste ou que sais-je encore, il ne faut pas se faire une guérilla pour savoir “s’il y a un bon ou un mauvais communisme”, il faut faire face au capitalisme, ensemble. Soyons uni, soyons fiers de l’héritage qu’ont laissé nos aïeux, revendiquons-nous d’un Front Socialiste, et non pas d’une lutte d’injustice qui vise à nous détruire. Ne laissons pas les clivages nous détruire, ne laissons pas le capitalisme vaincre. Nous sommes Camarades, frères, prolétaires, et non pas “rivaux” ou que sais-je d’invention déshonorable vivant à nous désunir. Nous sommes de cette même lutte contre le Capital. Ne le laissons pas gagner.
S’il vous plaît, je m’adresse à vous avec espoir. Usez de la bonne foi pour comprendre que nous devons être uni plus que jamais, pour lutter contre l’obscurantisme dont le monde fait preuve.
C’est vraiment court mais pour les ignorants ( ce n’est pas une insulte je précise ), mais c’est déjà pas mal.
Un peu déçu de ne pas avoir vu les noms de Fritz Wolffheim et Heinrich Laufenberg cependant !