« Mais Jésus les appela et leur dit : “Vous le savez, les chefs des nations les tiennent sous leur pouvoir et les grands sous leur domination.” »
– Matthieu 20:25
C’est en relisant certains passages clefs de la Bible que peu à peu a germé en moi cette idée de lier ma récente conversion à mon idéal anarchiste qui était déjà présent dans ma proximité avec la pensée mutualiste de Pierre-Joseph Proudhon, lui-même croyant.
Depuis longtemps, de nombreux penseurs ont pu concilier leur foi et leur soucis du bien-commun comme Jacques Ellul, Félix Ortt et Simone Weil. Au contraire de tout ce que vous avez pu lire ou croyez connaître du christianisme, l’essence de ce dernier – présent dans le message des Évangiles – est intimement un cri de révolte des petits, des miséreux et des humbles contre les pouvoir établis qui les accablent.
“Par rapport à l’absolu, il n’y a qu’un seul temps : le présent ; celui qui n’est pas contemporain de l’absolu, pour lui l’absolu n’est rien du tout. Et puisque Christ est l’absolu, on voit facilement qu’il n’y a par rapport à lui qu’une seule situation : la contemporanéité.”

Certes il s’agit de réfuter, comme tout autre défenseur de l’anarchisme au sens d’an-arkhé, c’est-à-dire d’absence d’autorité, et non au sens courant d’une absence d’ordre, la domination des pouvoirs temporels dont l’État est le plus abject représentant mais plus encore s’agit-il de s’appuyer sur un refus total du recours à la violence en lui préférant l’insoumission au pouvoir terrestre, essentiel dans la conception chrétienne.
L’anarchisme chrétien va même plus loin, il considère que le christianisme est incompatible avec le capitalisme et le système-argent : « Je vous le dis encore, il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu » (Matthieu 19:24). Il considère aussi que l’homme est une essence incomplète et qu’il peut se jeter dans son existence individuelle et libre pour trouver le don de Dieu, seul véritable pouvoir qui demande une inféodation unique. L’évêque chrétien Hélder Câmara disait :
“Il y a trois sortes de violence. La première, mère de toutes les autres, est la violence institutionnelle, celle qui légalise et perpétue les dominations, les oppressions et les exploitations, celle qui écrase et lamine des millions d’hommes dans ses rouages silencieux et bien huilés. La seconde est la violence révolutionnaire, qui naît de la volonté d’abolir la première. La troisième est la violence répressive, qui a pour objet d’étouffer la seconde en se faisant l’auxiliaire et la complice de la première violence, celle qui engendre toutes les autres. Il n’y a pas de pire hypocrisie de n’appeler violence que la seconde, en feignant d’oublier la première, qui la fait naître, et la troisième qui la tue.”